dimanche 5 décembre 2010

Epicerie de l'Art (Collias)





Energique initiative de "développement culturel en milieu rural" (1) avec deux jeunes entrepren(ant)eurs associés Charly Vurpillot et Victor Guinhut qui proposent trois journées "d'offre culturelle" mises en scène, animées et pimentées (... à la sauce épicière) d'un "totem culinaire", d'une oeuvre collective à base de déchets et d'un loto culturel (on gagne des places de concerts, des entrées dans les musées, des livres...).
C'est une expo-vente d'oeuvres "originales et singulières" (une trentaine d'artistes de toutes régions) organisée par l'Association "Bouillon d'Art, assaisonneur d'Esprit". Une bouffée d'invention bienvenue en ces journées de fin d'année qui tendent plutôt vers le plus redondant du traditionnel, le plus déjà vu du "vu dans le magazine TV", le plus attendu du banal !
L'idée est simple : ne pas amener du culturel prêt à penser (séjourner d'abord, faire connaissance, prendre le temps...), mettre en scène les objets (un peu de scénographie sans un budget extravagant), faire une sélection sur des critères personnels, et ... changer. Pour intéresser un public de proximité, le faire revenir régulièrement, évidemment il ne faut pas toujours proposer la même chose ! Fut-elle locale.

(1) intitulé d'une licence professionnelle proposée à Rodez (Aveyron)
http://www.lebouillondart.com

lundi 29 novembre 2010

Fruits de l'hiver

Sculpture végétale
Kakis


Collection de pommes et courges

Plus l'hiver approche, plus les couleurs sont chaudes. Les "Dimanches verts" de St Jean du Gard sont à la fois glacés et chaleureux... Allez comprendre !

jeudi 18 novembre 2010

Des vers à soie transgéniques pour produire un fil d'araignée




L‘Université de Notre Dame, en partenariat avec l’Université du Wyoming, et les laboratoires Kraig Biocraft , a réussi à créer des vers à soie capables de fabriquer de la soie semblable à celle des araignées en ajoutant deux gènes de celles-ci aux chromosomes du vers à soie.
« Cette recherche représente une avancée significative dans le développement des fibres de soie de qualité supérieure, pour des applications médicales et non médicales », a déclaré Malcolm J. Fraser Jr., un professeur en biologie de Notre Dame. « La nouvelle génération de fibres de soie ayant les propriétés de la soie d’araignée a été l’un des principaux objectifs dans la science des matériaux." Extrait de http://www.gurumed.org 
Le visionnage de la video ci-dessus aura rappelé quelques souvenirs aux anciennes fileuses de soie des Cévennes ! Mais au fait, pourquoi ne pas s'intéresser de plus près à ces "nouveaux" vers à soie ? Le stade de la recherche et celui du développement sont parfois assez rapprochés...


jeudi 11 novembre 2010

Pourquoi donc une guerre en 14-18 ?

Les commémorations du 11 novembre ont ceci de curieux qu'on n'y interroge pas les "raisons" (ou les évènements plus ou moins chaotiques) qui ont déclenché la guerre. Comme s'il s'agissait d'une "catastrophe naturelle" (encore qu'on s'intéresse à la tectonique des plaques qui provoque les tremblements de Terre !). Et, est-ce si loin de la réalité ?


Extrait d'un interview de l'histoire Marc Ferro pour Arte :


"On n’a pas réfléchi aux moyens d’éviter la guerre, parce qu’on voulait la guerre. C’est sûr que Guillaume II de son côté, François-Joseph contre la Serbie, la France pour reprendre l’Alsace-Lorraine avaient des régimes politiques qui souhaitaient un conflit pour des raisons diverses. Même si le pacifisme était très fort en France, en Allemagne et en Angleterre. Mais le pacifisme n’a pas résisté au patriotisme. Au coup de clairon.
Un Italien Benedetto Croce a bien dit cela. Il a dit que la patrie, c’était un instinct, alors que la paix et le socialisme, c’étaient des idées. Autrement dit, à l’époque du début du siècle, les nations, les états, sont l’incarnation de ce qui est bien. « Mon pays a toujours raison. My country is right. Mon gouvernement se trompe, mais mon pays a toujours raison. » A ce moment là, les gouvernements sont jugés pour une fois d’avoir bien fait d’entrer en guerre. Par conséquent il n’y a pas de raison de croire que la paix était l’objectif de l’époque.
 Ajoutez que cette Guerre de 1914 – 1918 ne s’est pas déclenchée d’un seul coup comme une guerre mondiale. C’était au début un conflit local, comme vous le savez, entre l’Autriche et la Serbie. Et puis un conflit plus large, avec la Russie, etc. Puis un conflit mondial avec le Japon et les Etats-Unis. Donc on n’a pas prévu du tout que cette guerre serait mondiale.
Et c’est ainsi qu’on doit expliquer l’enthousiasme pour cette guerre des intellectuels et des artistes, français comme allemands ? 

"C’est que pour la Première Guerre Mondiale, tout le monde a cru d’abord qu’elle était juste. Par exemple, il y a des paroles connues qui disent, que la France doit gagner la guerre, parce que sa cause était juste. Il y a un sociologue Alsacien , qui dit : « L’intérêt de cette guerre est qu’elle est dirigée contre la guerre ». Voilà pour les Français. Mais les Allemands disent la même chose. Les Allemands glorifient la guerre en montrant que le monde se partage en deux camps, celui des marchands - des Anglais - et celui des héros - des Allemands.
 Les Anglais, c’est la même chose. Les Anglais sont tellement patriotes qu’ils veulent interdire la musique de Wagner, de Brahms, de Mendelsson, de Richard Strauss, et que seule le « Tipperary », l’hymne de la victoire anglaise, doit être jouée désormais en Angleterre. Il y a un chauvinisme des artistes et des intellectuels. Tout le monde est en quelque sorte pour la guerre. Ceux qui ne le sont pas, comme Romain Roland par exemple, qui se réfugie en Suisse, sont considérés comme des traîtres, même s’ils ont un idéal pacifiste très généreux.  "


Conclusion : méfions-nous de ce qui est l'incarnation du bien (différent selon les époques) à quoi l'on adhère par  "instinct" venu des tripes, et qui emporte la raison jusqu'à "défendre jusqu'au bout" son point de vue (jusqu'aux-boutistes, père la Victoire etc) ... contrairement aux "idées" toujours fragiles parce que complexes, composites et contradictoires et jamais assurées d'elles-mêmes. 


En 14 la guerre était promue aussi bien par une certaine "gauche radicale" de l'époque (Clémenceau : "Un jour, au plus beau moment où fleurit l'espérance... tu t'en iras... au-devant de la mort affreuse qui fauchera des vies humaines en un effroyable ouragan de fer. Et voilà qu'à ce moment suprême... ta cause te paraîtra si belle, tu seras si fier de tout donner pour elle que, blessé ou frappé à mort, tu tomberas content !") que par les républicains et laïques dits "modérés" comme Poincaré : la France « sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l’ennemi, l'Union sacrée, et qui sont aujourd’hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l’agresseur, et dans une même foi patriotique » (Wikipédia). Seuls les "radicaux-socialistes" de la SFIO se sont opposés en 1913 au service militaire de trois ans destiné à gonfler les effectifs de l'armée (Jaurès, professeur de philosophie, voulait la réconciliation franco-allemande mais il n'était pas contre la mobilisation contrairement à ce que croyait son assassin) ... 
On oublie peut-être qu'en 1870, une autre guerre (qu'on ne commémore jamais) s'était achevée par la défaite de la France devant l'Allemagne, qu'une volonté de revanche se manifestait et que toute la "belle époque" du début du XXe siècle fut traversée de tensions internationales bellicistes. En y réfléchissant on comprend un peu mieux pourquoi, après la 2e guerre mondiale, certains ont voulu une Europe économique unifiée pour asseoir la paix sur autre chose que des idéaux... patriotiques.

jeudi 4 novembre 2010

Fin de partie


Le premières gelées ont achevé les dernières fleurs du jardin. Poireaux et carottes tiennent encore bons. C'est la première année où je jardine "pour de bon" : plutôt qu'un aimable divertissement c'est un vrai effort continu, parfois aride et jamais assuré du succès. Je vois beaucoup de "jardiniers" (amateurs) autour de moi pourtant. Le jardin c'est une discipline physique et intellectuelle en même temps. Curieusement le besoin d'effort est inséparable de l'état de satisfaction morale (ce qu'on appelle "le bonheur" ?). Jean Fourastié, économiste "à l'ancienne", qui ne se censure pas lorsque ses analyses statistiques l'amènent à un tout autre terrain (politique, philosophique, sociologique, moral...) écrit dans "Les trente glorieuses" en 1979 :

« On commence à se rendre compte aujourd'hui que le bonheur, sentiment très lié à l'ardeur de vivre, est un sentiment global qui ne se constitue pas par apport d'éléments distincts, mais, à l'inverse, est donné sans calcul à ceux qui le ne recherchent pas. A l'inverse de ce que l'étude analytique de Saint-Just a pu faire penser, le bonheur n'est donné qu'à ceux qui acceptent les privations, les contraintes, la souffrance, le sacrifice ; à ceux qui possèdent l'abnégation, l'aménité, la courtoisie ; à ceux qui cultivent la charité ; à ceux qui se gênent et se dévouent à ceux qui respectent et admirent, à ceux qui croient toujours recevoir plus qu'ils ne donnent : à ceux qui ont du courage et de la vertu »...
"Car il est devenu observable qu'en faisant du bonheur un objectif subordonné à l'échéance d'un certain nombre de facteurs concrets, voire quantitatifs, on en a fait un objectif social, hors de portée de chaque personne considérée individuellement, indéfiniment reculé par l'échéance de nouveaux manques, de nouvelles injustices, de nouvelles inégalités, de nouvelles insécurités, et par l'indéfinie survenance d'incidents, d'accidents, de maladies, de désaccords, d'incompréhensions, de divorces... Et l'on a peu à peu négligé puis oublié les conditions réelles du bonheur : l'effort individuel, une conception cohérente, réaliste et chaleureuse du monde, de la vie et de la condition humaine.  »
... Idée ô combien "réactionnaire" aux yeux de la "pensée unique" contemporaine comme sans doute l'ensemble de ses analyses économiques pourtant très stimulantes intellectuellement. Pour une fois qu'un économiste avait vu juste avant l'heure ! En effet c'est en 1979 qu'il écrivait : "Depuis 1968 ou 1970 j'attendais la fin des « trente glorieuses » ... « à la vérité je l'attendais plutôt de la désorganisation et de l'engorgement du crédit et du système monétaire international »... « mais lorsque la décision de hausse des prix du pétrole fut prise, et que rien ne vint rompre le monopole, je n'eus aucun doute sur la fin irrémédiable des temps faciles"... « La rareté (relative) à l'échelle mondiale des matières premières, et notamment de l'énergie mécanique, et les fols abus du crédit et des jeux financiers, sont ainsi aujourd'hui les deux premiers facteurs de la fin de temps faciles et du retour aux temps normaux. »
« Le troisième des facteurs importants... est le démarrage économique d'un nombre non négligeable de pays du tiers monde. »
Et, pour conclure : "La voie du progrès rapide est maintenant fermée. Celle d'un progrès lent est ouverte mais malaisée. Elle implique une intense activité créatrice, un fourmillement d'initiatives originales et d'efforts individuels, dont seule l'entreprise privée est capable. Plus d'efforts, plus d'intelligence, pour un moindre résultat."

lundi 25 octobre 2010

Filatures de soie (Lasalle)



Les bâtisses à grandes verrières et larges volumes des anciennes filatures de soie reprennent parfois vie après la fin de l'activité industrielle. De lourds investissements sont nécessaires (publics ou privés) mais le résultat en vaut vraiment la peine car, de même que l'architecture rurale cévenole est particulièrement émouvante jusqu'à une certaine période, ces filatures donnent l'exemple d'un bâtiment industriel qui est une véritable "oeuvre" : de la "belle oeuvre", comme on dit d'un produit artisanal. Sans doute leurs bâtisseurs avaient-ils encore en tête un "paradigme" (un modèle qu'on reproduit sans trop y réfléchir comme étant "d'évidence" ce qu'il faut faire) capable de transcender les époques. L'ampleur des volumes extérieurs, les proportions, l'envolée des grandes baies vitrées sous leurs arceaux de brique, les transparences. Et puis bien sûr aujourd'hui l'air de mystère et d'abandon qui les entoure. Tout cela fait du bien à voir ! Le Club cévenol qui se réunissait dimanche 24 octobre à Lasalle pour discuter autour de la charte du Parc national des Cévennes avait choisi la "Filature du pont de fer", récemment rénovée. Des manifestations artistiques s'y déroulent et les chorales régionales utilisent une autre filature pour leurs répétitions (où la communauté de communes va bientôt financer une médiathèque).
Malgré, ou à cause de, la pluie, les couleurs de l'automne étaient particulièrement flatteuses dans leur accord parfait avec les gris, beiges, roux, verts et bruns des pierres.
Cliquer sur le titre pour ouvrir http://lestreyssede.over-blog.com avec d'autres informations sur l'histoire de la soie dans les Cévennes.
Encore un lien sur les filatures, avec l'inventaire général du patrimoine : ici !

samedi 23 octobre 2010

Leonard Cohen, I'm your man



Mais qui peut résister à "ça" ! Et il faut lire les paroles, c'est encore plus fort : ici. Cette voix, la profondeur du son qui la porte, le détachement du ton ! Tout est bouleversant. He is a man !

Traduction traduction2

mardi 19 octobre 2010

Figurer l'histoire dans une expo



Dans l'exposition "Pionniers, aux origines des parcs nationaux" le défi consistait :
- d'une part à intéresser les agents des parcs nationaux à l'histoire de leur institution (l'histoire est passée de mode dans un temps où le présent lui-même semble ne plus avoir de durée),
- à figurer le lien de l'histoire avec la vie humaine : pas de vie sans durée, pas de durée sans histoire, pas d'histoire sans contingence,
- à faire apparaître le rôle du "facteur humain" quand il est acteur dans l'histoire.

Le support utilisé : les "feuillets d'un éphéméride" qui s'envolent dans une spirale évoquant à la fois la dynamique de l'histoire et le logo des parcs (la spirale de l'évolution biologique ou de la biodiversité).

Le livret (40 pages) donne le contenu détaillé correspondant au "message minimum" figuré dans l'expo.

L'expo était présentée conjointement avec une collection "d'objets précieux" pour la mémoire des parcs : ici la revue Cévennes, éditée par le Parc national des Cévennes.

Conception : Michelle Sabatier. Réalisation : Mediaterra.

lundi 4 octobre 2010

Villes lentes



Et oui, comme le "slow food" ce mouvement vers une meilleure "intelligence" de vie nous vient d'Italie ! En matière de savoir-vivre certains ont plus de références que d'autres. 70 villes italiennes y ont déjà adhéré... sur une centaine dans le monde et une seule en France (mouvement "lent" réservé aux villes de moins de 60 000 habitants). Mais qu'est-ce que la lenteur apporte de plus ?

Mettons de côté les "lenteurs" nocives (lenteur de l'instruction des dossiers par les "instances" ad hoc, lenteur des réponses aux courriers, lenteur de compréhension dans les échanges entre personnes, lenteur de prise de conscience de la gravité des problèmes etc etc). La lenteur, n'est-ce pas le mode de vie des "vieux" alors que les jeunes sont le "vif-argent", le ressort, la vitesse ?

Il y a donc des lenteurs positives ?

EXTRAITS DE http://carfree.free.fr/index.php/2008/03/04/cittaslow-les-villes-lentes-contre-la-frenesie-automobile/
"L’éloge de la lenteur est aussi celui du temps nécessaire à la maturation, au doute, à la délibération, au choix. Les habitants des villes lentes mènent donc une réflexion sur la temporalité nécessaire au respect de la démocratie : il faut déjà en finir avec la foi illimitée dans le temps qui vient, que véhicule, par exemple, le scientisme ambiant. La démocratie comme l’éducation a besoin de lenteur. Les villes lentes peuvent être aussi des laboratoires pour apprendre à faire coïncider le temps de la démocratie avec un temps encore plus long et plus lent, celui de l’écologie, puisque les décisions à prendre dans ce domaine ne sont généralement pas à l’échelle du temps individuel mais parfois à l’échelle de l’humanité".

Comment ?
"Les « Villes lentes » utilisent la technologie dans le but d’améliorer la qualité de l’environnement et du tissu urbain, et également pour la sauvegarde de la production d’aliments et de vins uniques qui contribuent au caractère de la région. Les villes qui souscrivent à cette action s’engagent à promouvoir un rythme de vie plus lent, inspiré des habitudes des communautés rurales, pour permettre aux citoyens de profiter de façon simple et agréable de leur propre ville. Les « Villes lentes » mettent en valeur leur environnement, leur patrimoine bâti ou leurs traditions culinaires. En s’inscrivant dans le mouvement Cittaslow, les municipalités permettent le développement des contacts directs entre citoyens, entre les habitants et les touristes, entre les producteurs et les consommateurs."

En effet, n'y aurait-il pas dans le "modèle de vie" rural quelque chose qui soit le germe d'une modernité qui dépasserait la "course à l'échalote" que représente le rythme de vie et de travail imposé aux humains des sociétés dites "avancées" ? Programmer votre journée, votre semaine, votre mois, votre année pour faire tout ce que vous avez à faire. Caracolez d'un rendez-vous à l'autre, d'une tache à l'autre, d'une idée à l'autre sans vous arrêter jamais sur aucune. Foncez à toute vitesse pour grignoter une minute sur votre temps de trajet. Ne prenez pas le temps de parler aux gens que vous rencontrez de choses futiles, amicales ou philosophiques, allez au fonctionnel tout de suite. Ne vous arrêtez jamais pour regarder derrière vous, c'est du temps perdu. Ne soyez que dans l'action immédiate, cultivez l'agir et non l'être.

Plutôt que de "lenteur", il s'agit peut-être de "tempo" : trouver le bon rythme, vif ou lent, selon que le sujet s'y prête. Mais surtout en décider : choisir son rythme et ne pas se laisser manipuler !

Mais en fait la "lenteur" ne serait-elle pas une héritière de "l'An 01" : "Le film narre un abandon utopique, consensuel et festif de l'économie de marché et du productivisme. La population décide d'un certain nombre de résolutions dont la première est « On arrête tout » et la deuxième « Après un temps d'arrêt total, ne seront ranimés - avec réticence - que les services et les productions dont le manque se révélera intolérable. Probablement : l'eau pour boire, l'électricité pour lire le soir, la TSF pour dire "Ce n'est pas la fin du monde, c'est l'an 01, et maintenant une page de Mécanique céleste" ». L'entrée en vigueur de ces résolutions correspond au premier jour d'une ère nouvelle, l'An 01." (http://fr.wikipedia.org/wiki/L'An_01).

Un bon coup de frein n'est-il pas ?

samedi 2 octobre 2010

Aimez-vous les histoires (1)

Bionic dentaire

Une aquarium à poissons tropicaux : il y a souvent des poissons dans les salles d'attente des dentistes. Pour calmer l'angoisse des patients sans doute. Pas de bruit, bulles discrètes, enroulement rubanés des exotiques créatures... Hum, ce pourrait être un salon de thé, entre deux courses : s'asseoir et prendre son temps. Le temps de rien, juste « le temps ». Mais c'est un salon de dentiste et personne n'attend. Accueil très convivial, mise en confiance, apprivoisement du nouveau client : le détendre, le rendre disponible sans crispation. Bonne idée.

« Madâââme, je vous en prie. » Bonne tête, l'oeil vif, l'air engageant. Fauteuil confortable sans relâchement, verre teinté, ordre, calme. Déjà son stylo voltige sur les radios clipsées sur la table lumineuse. Ma mâchoire ça ? Mes dents ? Danse macabre : un stylo, des dents, des os... Sur l'écran noir de sa radiographie j'ajuste mon regard quand mon esprit décroche. Bling, bling. Petits coups de stylo précis. « Cavité buccale, racines, nerfs... » Bling, bling, sssffouit... Une radio remplace l'autre. « Ici une dent déchaussée, une prothèse branlante, une racine mortifiée. »

La voix analyse, détaille, précise avec douceur, volonté de convaincre. Cette voix je l'ai déjà entendue : elle est de ces voix rassurantes qui créent un climat ouaté, des sortes de limbes maternelles, uniquement par la maîtrise du ton. Je me souviens d'une petite couturière autrefois : le long lacet centimétré qu'elle déplaçait lentement d'un point à l'autre du corps avec une adresse mesurée. Hauteur du dos. Le centimètre glisse. Un temps de silence : elle note. Tour de poitrine : elle écarte mes bras et glisse ses mains en remontant le long de mes côtes sous mes aisselles. Frisson. Elle enserre mon buste de son lasso froid. Silence. Tour de taille. Début de chatouillis réprimé. Longueur des manches, tour du cou, encolure : sa main électrise mes cheveux à petits coups froissés. Passe, frôle et revient. Des mots que je ne saisis plus flottent dans l'air moite. Derrière la vitrine embuée du magasin des silhouettes passent dans la rue en silence. Frivolité heureuse, relâchement, bonheur.

« Ce n'est pas simple car le bilan n'est pas bon. Il y a beaucoup de travail, il faut commencer par reprendre tout ce qui ne va pas car un soin ne peut pas être circonscrit à une dent sans tenir compte de l'équilibre de l'ensemble de la bouche. Il faut que toutes les parties fonctionnent, et, chez vous, il y a eu trop de soins successifs sans considération d'ensemble. Il faut donc tout reprendre, secteur par secteur. C'est un travail de longue haleine. Je vous montre tout ça. »

De beaux dessins pédagogiques de mâchoires décharnées avec les dents enveloppées dans leurs alvéoles. « Merveilleuse organisation du corps, chaque élément a sa place et son rôle est loin de s'arrêter à la simple réalisation de l'acte de mâcher, broyer, écraser la nourriture. Non ! C'est un élément d'un puzzle et s'il est mal fonctionnel, son incurie va se communiquer aux autres. Les bactéries s'y développent et tout le système digestif, puis le systèmes locomoteur et... bactéries, là et ici... anaérobies... »

Anaérobie ! Anaérobie, princesse libyenne figée dans le marbre noir des déserts. Silhouette révélée, voilée, dérobée... Déesse de pierre aux yeux froids.

« Les bactéries anaérobies vont faire leur miel de ce chemin que le déchaussement leur creuse : une voie royale vers les yeux, les articulations, le foie, le cerveau ! Les bactéries vous envahissent comme le sable remplit vos vêtements sur la plage : invasion silencieuse et aveugle, grincements perplexes des granules libérés quand vous les enfilez à nouveau... Chère madame, c'est à vous de décider. Je vous ai expliqué la situation. Mais la décision vous appartient. »

Chirurgien-dentiste. Oui, on dit bien « chirurgien ». Foie, poumons, rate, pancréas... Tout ça est déglingué. Il faut remettre le pancréas en état et remodeler sa forme pour lui rendre sa fonctionnalité initiale. Creuser le palais pour faire place à une prothèse fonctionnelle. Vous comprenez bien qu'on n'adapte plus les prothèses au patient : aujourd'hui c'est beaucoup plus efficace, on adapte le patient aux prothèses. Le paradigme a évolué. Pour le foie il suffit de le nettoyer, le passer dans un filtre qui en extraira tous les résidus mal drainés. Colmater la rate : il y a un petite fuite, une fissure qui s'annonce. Remplacer un ou deux éléments par du neuf : une appendice en téflon, qu'en dites-vous ? Des matériaux extraordinaire de résistance et de fiabilité. On fait des choses incroyables aujourd'hui et personne ne s'apercevra de rien vous verrez !

Ah, docteur ! Le son de votre voix. Ce souffle qui se meut doucement et porte vers mois les ondes sonores de votre larynx. Une larynx parfaitement accordé, juste humide ce qu'il faut pour sortir de votre gorge ces résonances cuivrées, arrondies par l'ouverture exactement calculée de la bouche qui en extrait le son. Le regard posé, amical, serein. La main douce et ferme qui appuie la parole.

« L'opération sera bénéfique, mesurez en bien les avantages et les inconvénients. Prenez votre temps et rappelez-moi. Nous fixerons un rendez-vous à la rentrée. Bonsoir, chère madame ».

La secrétaire tend la main : « carte Vitale, carte bleue ». « Votre code je vous prie ». Le penne de la porte glisse sans bruit et l'ascenseur m'aspire dans la fraicheur des étages. Vitale ? Fatale ? Le hall d'entrée, la porte vitrée.

La ville, la chaleur intense : déjà je transpire à grosses gouttes... Vite, dehors, loin, loin... Vite !

(1) si vous les aimez, j'en ai d'autres !

dimanche 26 septembre 2010

Surprise !



On croit poétiser autour des bouquets de cyclamens qui s'épanouissent partout et : pan ! Sur quoi on tombe ? Ouiiii....
Cèpes à tête noire et oronges énormes !
Ne dites pas que septembre est la fin de l'été : c'est le mois des cèpes, des oronges, du soleil radouci mais encore plus doré, de l'air frais sur les chataigniers remplis de pelous, des courses dans les sentiers, des promenades de nuages dans un ciel bleu clair. Il pleut ailleurs en France ? Non, vous croyez ?

dimanche 29 août 2010

Une espèce menacée : le bénévole associatif



Mais si, il y a encore des bénévoles dans les associations ! Seulement ils demandent de la reconnaissance, des moyens, et même des formations (cf. lien plus bas) !

Mais après tout pourquoi pas : les associations ne pourraient-elles pas être considérées comme des supports de formation "de proximité" pour accueillir des jeunes (ou moins jeunes) en recherche d'emploi ou d'évolution ? A condition que les responsables des associations soient eux-mêmes formés... à former les autres. Ca ne s'improvise pas.

Dans notre environnement rural et villageois il y a encore beaucoup d'associations (paraît-il) mais un certain nombre semblent en difficultés faute de "relève"... Il faut dire que l'âge moyen est élevé et que, des "djeuns", il n'y en a guère... Il faudra faire alors avec ces autres "jeunes" (rien à voir avec l'âge) qui sont des "pieds tendres" à peine arrivés dans la région : appartenir à une association c'est un bon moyen de "s'intégrer" dans la population locale.

A condition que les associations soient ouvertes, bien souvent il faut chercher la clef de la serrure longtemps... La "journée des associations" devrait être couplée avec celle de l'accueil des nouveaux venus... D'une pierre, deux coups ! Mais encore faut-il qu'il y ait des "journées" et des bénévoles pour les organiser !

http://www.place-publique.fr/spip.php?article5886
http://www.reseau-sara.org/reseau/fiches_membres/urba.html

La "slow-info" comme le "slow-food"



Un manifeste circule sur Internet pour susciter l'adhésion à un nouveau concept, celui de
"slow-info" . Quelques bonnes idées qu'il véhicule :

- l'anti zapping : "Les slow media ne peuvent être consommés de manière distraite, ils provoquent au contraire la concentration de l’usager. Tout comme pour la production d’un bon repas, qui demande une pleine attention de tous les sens par le cuisinier et ses invités, les slow media ne peuvent se consommer avec plaisir que dans la concentration" ,
- le souci du travail bien fait : " (elles) se distinguent de leurs homologues rapides et vite passés, que ce soit par une interface de qualité supérieure ou par un design esthétique inspirant."
- retrouver le sens du dialogue, même entre opinions différentes : "(Elles) cherchent interlocuteur avec qui entrer en contact... L’écoute est aussi importante que le discours dans les slow media. Aussi, slow signifie ici : être attentif et abordable, être capable d’observer et de questionner sa propre position sous un angle différent.
- le contraire d'une presse "d'entre soi", une diversité d'approche sociologique, culturelle, politique : "les slow media contribuent à la propagation de la diversité et respectent les cultures et les particularismes locaux."
- la "durabilité" c'est comme la beauté il faut l'être sans en être conscient : "(elles) ne perdent pas leur qualité avec le temps, mais obtiennent au contraire une patine qui augmente leur valeur".
- être "progressiste" c'est aussi ne pas se laisser aller dans le courant, ça frôle la réaction : "C’est en raison de l’accélération de différents domaines de la vie que les ilots de lenteur délibérée sont rendus possibles et essentiels pour la survie."
- trop d'infos (non contrôlées) tuent l'écoute et rendent idiot : "Des compétences intellectuelles comme la critique des sources, le classement et l’évaluation des sources d’information prennent de l’importance avec l’accès croissant à une information disponible en grande quantité."

J'ajouterais qu'il faut aussi une "slow-info" de proximité, pas seulement globale. Nous sommes hyper-informés de ce qui se passe, de ce qu'on pense, de ce qu'on produit à l'autre bout du monde, dans toutes les grandes villes, dans les arcanes du pouvoir et des médias, mais que savons-nous de ce qui se fait "chez nous" : à quelques kilomètres, dans la région où nous vivons ?

Comment diable font les élus qui nous représentent pour comprendre les ressorts économiques et sociaux de leurs circonscriptions : ont-ils des sources d'information privilégiées ? En tout cas il n'en ressort rien dans les journaux locaux ! Comment faire dans ces conditions pour participer à la vie démocratique ? Les yeux "wide shut" (grand fermés) ?

jeudi 10 juin 2010

Printemps des entrepreneurs

C'est le printemps et le "Pays" Aigoual Cévennes organise un forum "de l'innovation". Brochette d'entrepreneurs sur l'estrade qui témoignent de leurs engagements dans l'action et l'innovation (informatique, tourisme, transports, chauffage, commerce, produits innovants...).
Que manque-t-il aux Cévennes pour décoller ? Que les cévenols eux-mêmes soient persuadés que c'est possible ! Qu'il apparaisse visiblement dans le quotidien qu'il y a des acteurs économiques, des entreprises et pas seulement des services sociaux et territoriaux... Qu'on sache où les trouver, qu'on puisse se dire "je ne suis pas seul"...
Peut-être un "Club d'entrepreneurs", à l'instar du "Club cévenol", mais pas axé sur la culture et le patrimoine, sur l'initiative, l'emploi, l'échange d'expertise, le réseau... Et pourquoi pas ? Associons les deux : production viable et valorisation de l'environnement exceptionnel des Cévennes et de son patrimoine culture et historique. Dans les périphéries de certaines villes (Isère, Drôme...) on construit à grands frais des zones économiques "ambiancées" aux couleurs de l'espace naturel pour attirer des entrepreneurs d'aujourd'hui, dont les cadres et les employés sont attachés à leur qualité de vie et d'environnement. Ici on a tout ça, autant ne pas le gâcher !
Il manque des structures de "financements équitables" (villes/campagnes, territoires urbains/territoires ruraux, banques alternatives...) ou de "micro-crédits" qui s'intéressent aux territoires "écartés" des zones économiques communes, pour tisser un nouveau savoir-être économique dans les arrières pays. Et ça ne viendra pas "d'en haut", ça ne peut pas marcher de cette façon. Il faut que les acteurs économiques sur le terrain se prennent en mains, aidés par les instances institutionnelles, pour construire ce réseau que tout le monde appelle de ses voeux : "réseau, réseau, réseau" ! Il ne suffit pas de crier "réseau" en "sautant sur sa chaise comme un cabri !" (citation de Charles de Gaulle à propos de l'Europe !).

Qu'est-ce qui motiverait les résidents estivaux "durables", attachés à l'espace cévenol, à le regarder autrement que comme le seul décor de leurs loisirs ou de leurs souvenirs d'enfance, pour lui donner aussi le coup de pouce qui lui construirait un avenir avec les jeunes générations qui s'y installent ou qui veulent y demeurer, et qui ont des projets ? Mais c'est une économie de territoire garantissant la qualité de l'espace qu'il faut promouvoir, pas celle de "zones" vaguement définies comme dédiées à l'activité économique dont la qualité paysagère et la qualité de vie ont été oubliées.

vendredi 4 juin 2010

Absolument fabuleux ! "Logorama"

Logorama from Marc Altshuler - Human Music on Vimeo.


« Logorama », le film à l’oscar du collectif H5, 2009, un grand moment d'animation, d'invention, de "vision" et d'humour ! Bravo, bravo ! Regardez le film jusqu'au bout il en vaut vraiment la peine. Et puis la musique "USA années 30-40" tout ce que j'aime pour le style, la nonchalence, le détachement sucré... Etait-ce une époque où le plaisir de vivre était politiquement correct ?

Auto-portrait aux liserons

mardi 18 mai 2010

Festival ChampContrechamp (courts-métrages)


Un grand week-end de cinéma documentaire "au village" : un documentaire est tourné pendant ce temps, parmi le public de "fans" du court-métrage qui absorbent avec un grand enthousiasme jusqu'à une dizaine de films en trois jours... Chaque film est un monde en lui-même : le sujet, les acteurs, la manière de tourner, les "angles" politico-philosophico-idéologiques...

On n'en finirait pas de discuter et ça discute sec autour du fil conducteur du festival : "Amour, gloire etc.". La télévision en prend pour son grade. Mais il y a aussi des journalistes de TV qui se posent des questions (ici Daniel Pujadas, et oui : une vedette !).

Mais que proposent les participants au festival : du cinéma militant ou... cultiver son jardin ? C'est un couple de clowns qui conclura ! Ouf, détente et soleil.

Toutefois on aimerait en savoir un peu plus sur le "phénomène" festival du court métrage en lui même. Plusieurs milliers de places vendues tout de même ! D'où viennent ces spectateurs ? Que se passe-t-il, entre eux et entre visiteurs et résidents locaux (et se passe-t-il quelque chose) ?
Y a-t-il un impact du festival, lequel (économique, social, culturel) ? Et surtout : imagine-t-on des prolongements à cette manifestation ? Après tout, le festival de Cannes est un point de départ pour une diffusion, une large information, un marché. Qu'en est-il du festival de courts métrages de Lasalle ?
Le festival n'est pas à mettre en cause en temps que tel car il en est ainsi de toute la vie sociale locale : un manque de visibilité des citoyens-résidents sur ce qui se passe chez eux. Et pas seulement dans le cadre rural, ni dans ce village bien sûr. Y a-t-il un (des) moteurs économiques, des dynamiques locales ? Les résidents sont-ils majoritairement retraités (transferts sociaux) où employés du tertiaire (réservoir des villes voisines) ou des activités plus ou moins liées au tourisme (artisanat, commerce) ou des services sociaux (personnes âgées, services médiaux). Une visibilité améliorée aiderait à se situer. Par ailleurs l'économie n'est pas tout : comment la "vie sociale" s'exprime-t-elle ? Est-il facile de s'y relier (et pour qui, pour quoi) ?
Au jour d'un fulgurant développement de l'information et de la communication, comment peut-on se résoudre à un quasi aveuglement sur ce qui nous entoure, dans le réel, au plus près ?

jeudi 11 mars 2010

Jardin botanique du Rayol



Un moment d'harmonie dans un monde de chaos ... Sur la commune du Rayol-Canayer, près du Lavandou, un jardin public pour découvrir la flore méditerranéenne à travers le monde (Afrique du sud, Amérique du sud etc.) et celle de la Côte d'Azur avant que celle-ci ne devienne une "conurbation" dopée au tourisme. On comprend pourquoi tant de gens ont aimé la côte dans les années 1900-1930 quand elle était encore un jardin d'Eden... Et on mesure à quoi on s'expose en développant sans réserve le tourisme de masse. Géré selon les principes du "Jardin en mouvement" de Gilles Clément, le Rayol est une propriété du Conservatoire du littoral. Pas d'herbicide, pas d'insecticide, économie d'eau, protection des sols, laisser les semences "bouger" selon les plans de la nature... Ne pas vouloir tout maîtriser !

mardi 9 mars 2010

Filature, identité et pacte social


Nicolas Baverez (Le Monde du 9 mars 2010 "La nouvelle question sociale" évoque, à propos de la crise en Islande, la "rupture du pacte social" "matérialisée par l'exil de la jeunesse vers le Danemark et la Norvège". La même situation est décrite par ailleurs en Irlande (renouveau de l'immigration). Dans certaines régions rurales françaises, notamment les Cévennes où je demeure, cette rupture est ancienne en constamment alimentée : même si les cours d'écoles sont davantage fréquentées depuis quelques années, les jeunes atteignant l'âge des études d'abord, du travail en suite, quittent en majorité la région géographique au sens "étroit". En fait ils ne vont pas forcément très loin mais la capacité d'emploi local, ou d'entrepreunariat local, est trop faible pour absorber les nouvelles générations. Quoi que : un taux de chômage moyen à 25 % chez les moins de 25 ans en France n'annonce rien de positif pour trouver de meilleures perspectives ailleurs.
Mais que deviennent ensuite ces régions dont les jeunes générations sont "exfiltrées" au fur et à mesure ? De fait elles sont remplacées par des "immigrés" (nationaux ou européens le plus souvent) : d'autres jeunes (venus des villes à la recherche d'un territoire d'expérience pour gagner leur autonomie sans entrer dans le mode marchand classique), de retraités à la recherche de leurs racines ou d'un cadre de vie attrayant pour un certain temps, ou de micro-entrepreneurs dans le domaine du tourisme, de l'immobilier ou du travail "à domicile" via les nouvelles facilités d'Internet. Ce n'est pas un cas exceptionnel : le sud de Bali est dans une situation voisine, à l'autre bout du monde. Bien entendu ce mouvement n'a aucune commune mesure avec la "dés-occupation" du territoire qui a affecté les montagnes depuis la fin du XIX siècle, il n'est "correctif" que par rapport aux années 1960, 1970...
Dans certaines communes (dont la mienne) 80 % des "votants" n'habitaient pas la commune vingt ans auparavant. Un nouveau "pacte social" s'est donc institué, de fait, dont personne ne sait aujourd'hui exprimer les contours. Mais il existe.
Peut-être les collectivités locales devraient-elles tendre à le faire s'exprimer davantage en lui donnant les moyens d'une "lisibilité".
Je m'explique : en dehors des zones où l'affichage touristique tend à être dominant (le long des axes principaux de communication) et à occulter tout autre expression, il existe une "Cévennes profonde", où perdure l'image d'une identité culturelle basée sur l'histoire (protestantisme, soie, châtaignier, architectures rurales et industrielles etc.). Cette identité est valorisée, à juste titre, par les acteurs culturels. Mais elle tend constamment à tirer vers le passé une région qui ne parvient pas à mettre en avant ses composantes contemporaines. Si l'on prend la Haute-Savoie, il est manifeste que l'identité "traditionnelle" continue à exister à côté, ou avec, celle des activités sportives, culturelles et économiques contemporaines. Est-ce le "fond" qui manque en Cévennes pour qu'une identité contemporaine s'y exprime ? A côté des alpages savoyards, il y a les stations de ski. A côté des vestiges des filatures, moulinages, bonneteries etc. qui ont fait l'identité industrielle des Cévennes au XIXe siècle, que pouvons-nous proposer qui exprime un "être socio, économique et culturel" dont le nom serait : Cévennes ?
Comment s'identifier à une région et endosser les responsabilités qui devraient être prises quant à son devenir s'il est impossible d'en avoir une représentation contemporaine sur laquelle appuyer une quelconque dynamique ? Autant fonder sur du vide.

lundi 8 mars 2010

Identité nationale ... et guerre (3)



L’identité française ? A la bataille de Valmy, le prince de Condé, Français « de souche » s’il en fût, était du côté prussien. Le nationaliste vénézuélien, Miranda, s’était engagé, lui, du côté du pays de la Révolution. Lequel, ce jour-là, était le plus Français ?
En 1870, Garibaldi, lui aussi, vint mettre son épée au service de la France. Il gagna même une petite bataille alors que le Français « de souche », Bazaine, livrait Metz aux Allemands. Le plus Français des deux ? Bazaine, répondit la droite qui invalida, comme étranger, Garibaldi élu député. En signe de solidarité, Victor Hugo démissionna. En mai 1915, le général Joffre lançait une grande offensive en Artois pour tenter de reconquérir le bassin minier. Echec total. Les vagues d’assaut se brisent sur une triple ligne de défense allemande. 200 000 tués pour rien. Un miracle cependant, un seul : une division du 33ème Corps, en une charge héroïque, irrésistible, drapeau au vent et au cri de « Vive la France ! », franchit tous les obstacles et s’empare de la colline de Vimy qui surplombe la ville de Lens.

Qui sont ces héros ? Les premiers qui tombent sous le feu ennemi s’appellent Ben Smail, Ben Faran ou Bellagh Amar. A leurs côtés, que la mitraille allemande va faucher à leur tour, qui trouve-t-on ? Des volontaires Américains, Espagnols, Canadiens, Italiens, mais aussi et surtout des Tchèques, membres d’associations démocratiques ou progressistes, venus s’engager au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, des mineurs polonais qui, dans un même élan, aspirent à la libération de leur autre patrie et de leur outil de travail, des Russes pour qui la défense de la République française participe de leur combat contre l’autocratisme tsariste. Tombent côte à côte, unis dans le même sacrifice, le brancardier belge Van Mengen, le Grec Théodoraxis, le peintre cubiste tchèque Kupka, le porte-drapeau morave Bezdicek, ou cet escroc polonais au nom imprononçable qui se faisait passer pour un prince. Parmi les survivants, le Suisse Blaise Cendrars qui deviendra le chroniqueur de cette épopée.
C’était cela, ce jour-là, la plus belle France.

Additionnez d’ailleurs l’Italien Lully, l’Allemand Gluck, les Italiens Spontini et Cherubini, le Belge Grétry, les juifs teutons Meyerbeer et surtout Offenbach, le Polonais Chopin, le Suisse Honegger, et vous avez reconstitué le creuset d’où jailli la grande musique française.
De certains peuples, on peut dire que leur religion, leur spécificité ethnique, leur langue, font leur identité. A la question « qu’est-ce qu’un Français ? », hors une Histoire commune, on ne peut quasiment pas répondre, et c’est précisément cette impossibilité qui fait notre identité nationale.
Dimanche 31 Janvier 2010
Jean-François Kahn (voir son blog)

Copyright (illustration) http://warandgame.files.wordpress.com/2008/08/valmy1792.jpg

jeudi 4 mars 2010

Services vitaux rendus par la nature (Agnès Sinaï)



"La valeur des services rendus par les écosystèmes est désormais l’argument clé pour rallier entreprises et Etats à des stratégies de développement qui anticipent la détérioration des ressources naturelles comme un manque à gagner pour les agents économiques. Dès 1997, l’économiste Robert Costanza et son équipe ont évalué à quelque 33.000 milliards de dollars par an (estimation minimale) la totalité des services rendus à l’humanité par les écosystèmes de la planète1.

Cette estimation démontre que la valeur du capital naturel est supérieure au PIB mondial annuel, de l’ordre de 18.000 milliards de dollars par an. Divisés par six milliards d’individus, ces 33.000 milliards offrent environ 5.500 dollars par personne et par an de services offerts par la nature.

Cela n’est pas cher pour ces services vitaux ''rendus'' par les écosystèmes, comme la régulation de la composition de l’atmosphère, du climat, de l’eau, la capacité de résilience, l’offre de ressources en eau, le contrôle de l’érosion, la formation des sols, le recyclage des nutriments, le traitement des déchets, la pollinisation, le contrôle biologique, l’habitat des espèces, la production de nourriture, de matériaux bruts, de ressources génétiques, de divertissement et de support de culture.

Selon M. Khosla, président de l'UICN, dans les cinq prochaines années, l’approche de la biodiversité devrait connaître une refonte totale (en regard de l'échec global de l'objectif 2010 : stopper l'érosion de la biodiversité). La sauvegarde des écosystèmes mobilisera de plus en plus les entités régionales et les pouvoirs décentralisés, en association avec les populations autochtones, qui possèdent une science citoyenne de la biodiversité.

(En effet) selon Robert Kasisi, de l’Ecole d’architecture du Paysage de Montréal, ''biodiversité est un terme qui ne passe pas dans le public. L’approche par la conservation ne tient pas compte de la diversité culturelle des visions du monde''. Comme l’écrivait l’anthropologue Philippe Descola, il y a bien une pluralité des intelligences de la nature. Pour l’éleveur, la forêt, c’est l’obstacle. Pour un Occidental, une table en bois est un objet de décoration. Pour une nomade du Sahel, elle sert à faire du bois de feu. La biodiversité ne se limite donc pas à un inventaire du nombre d’espèces présentes sur la Terre, mais désigne une pluralité d’usages. Ainsi les contes et les chansons Pygmées permettent de comprendre les relations avec la faune en République du Congo."

La valeur "morale" qu'on peut accorder à la préservation de la biodiversité n'empêche pas de prendre en compte aussi sa valeur de service rendu : "L'homme n'est ni ange ni bête" écrivait Pascal, "... et qui veut faire l'ange...". Nous ne vivons pas que de hautes spéculations éthique, il faut donc accepter d'agir à plusieurs niveaux.

« Penser globalement, agir localement » ne suffit plus, il faut aussi penser avec les ressources et représentations intellectuelles locales : par quelle entrée ? Qui s'y jette ?


Photo : http://www.photosapiens.com/IMG/artoff3882.jpg

mardi 2 mars 2010

Michael Kenna


Eblouissante exposition numérique de Michael Kenna sur le site de la BNF (ici l'album "lieux mythiques") avec une intéressante réflexion sur le paysage "traditionnel" mis en perspective avec le cyberspace. Encore un effort pour être moderne...

samedi 20 février 2010

Frédéric Bazille, peintre impressionniste

Magnifique site internet associant musique (Debussy) et peinture : on voudrait trouver aujourd'hui encore le secret qui anime ces images : quelle joyeuse harmonie avec la vie, l'homme et la nature (cf. Camus). Frédéric Bazile est mort à la guerre de 1870, à 29 ans après s'y être engagé avec conviction. Etait-ce un autre monde ? Ou bien le même élan qui le portait ? Car il semble que cette guerre ait été déclenchée (sous Napoléon III) suite à une "vexation" diplomatique de la part de l'empereur d'Allemagne vis à vis de l'ambassadeur de France. Tout cela dans un contexte de sentiment "d'encerclement" de la France vis à vis de l'unification allemande et d'une possible candidature allemande à la succession du royaume d'Espagne. La classe politique française était partagée quant à l'éventualité de déclencher une guerre mais "l'opinion" (?) y poussait... Résultat : un désastre à court terme, et deux autres guerres à moyen terme. Tout ça pour ça ? Que nous manque-t-il pour comprendre "vu d'ici et d'aujourd'hui" l'enchainement chaotique des causes qui a pu mener de cette atmosphère idyllique (Bazille) à son contraire ?



"Dans un sens, c'est bien ma vie que je joue ici, une vie à goût de pierre chaude, pleine de soupirs de la mer et des cigales qui commencent à chanter maintenant. La brise est fraîche et le ciel bleu. J'aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l'orgueil de ma condition d'homme." (Albert Camus) C'était aussi avant une autre guerre (qui n'a jamais porté ce nom). Mais contrairement à Bazille l'auteur s'est engagé dans une démarche de conciliation. Qui lui a probablement valu l'opprobre des deux camps.

mercredi 17 février 2010

Manifeste pour la métamorphose du monde

"Nul ne peut faire l’impasse sur l’aspiration multimillénaire de l’humanité à l’harmonie, qu’elle prenne la forme du paradis, des utopies, des idéologies libertaire, socialiste, communiste, puis des révoltes juvéniles des années 60 (Peace-Love). Cette aspiration n’a pas disparu. Elle se manifeste par des myriades de pensées, d’initiatives, d’actions multiples dispersées dans la société civile et qui sont ignorées par les structures politiques et administratives sclérosées.
Les grands mouvements de transformation commencent toujours de façon marginale, déviante, modeste, voire invisible. Il en a été ainsi des religions, de Bouddha, Jésus, Mahomet, du capitalisme, de la science moderne, du socialisme. Aujourd’hui l’alter-mondialisme devient un terme à prendre à la lettre : l’aspiration à un autre monde.
Des centaines de propositions ont vu le jour, cela ne suffit pas à en faire un projet sociétal cohérent, alternatif, réaliste et visionnaire. C’est ce « supplément d’âme » que nous proposons avec les « 7 réformes fondatrices » d’une « Voie nouvelle ».


Edgar Morin, philosophe, sociologue
Pierre F. Gonod, prospectiviste, politologue
Paskua, artiste plasticien

Comment faire circuler des idées qui soient créatrices, hors du cadre de l'expérience contrainte par les conditions de vie et de pensée ? C'est pourtant la condition pour "penser autrement" et surtout agir de manière créative plutôt que dupliquer les mêmes recettes et les mêmes résultats. Pierre F. Gonod qui animait ce projet via son site internet est malheureusement décédé l'été dernier. Il semble qu'il n'y ait pas de relève (pour l'instant).

jeudi 4 février 2010

Communiquer sur l'environnement ?


Pas de communication sans interaction, pas d'environnement sans regard, pas de nature sans culture, pas de ci, pas de ça...

Pour communiquer il faut être éclectique, ouvert, curieux, passionné, observateur, obstiné, musclé, rapide, lent, flexible, surprenant, à l'écoute...

Il faut, être capable de prendre du recul ! Regarder le sujet avec des yeux étrangers...

Se remettre en cause souvent c'est à dire : se mettre en situation d'évaluer ses résultats.

Quant à communiquer "pour l'environnement", ou la biodiversité, ou le territoire... c'est un métier !

mercredi 20 janvier 2010

Festival flamenco de Nîmes


Chaude soirée : Miguel Poveda (photo) et ses chanteur, danseur, palmistes, guitaristes. Mais surtout du "Flamenco" : une incroyable boule d'énergie musicale qui a saisi la salle et le groupe sur scène. En même temps que les liens se resserrent entre eux, que les accolades viriles se succèdent, la salle donne l'impression d'être un noeud de plus en plus compact dans une corde qui vibre. Etrange expression qui vient des tripes, de la gorge serrée, du chant "assis" qui feint une situation banale, autour d'une table de bistrot où les verres se vident. Et tout danse, le danseur comme un flamant rose voletant de ses doigts qui l'enlèvent du sol, les chanteurs, les tables, la manzanille dans les verres. Un chant "identitaire" mais aussi un dialogue entre chanteurs, entre chanteurs et danseurs, entre chanteurs et musiciens. Identité qui ne cède rien même si elle se donne en spectacle. Communion humaine. Quelle leçon !

Pour en savoir plus sur le flamenco : http://fr.wikipedia.org/wiki/Flamenco#Historique

dimanche 17 janvier 2010

Ovni au village




Un ovni ? Non, juste les illuminations de Noël au village (Monoblet) ! Autant les illuminations sont souvent excessives, voire vulgaires ("C'est Broadway" dirait Brétécher), autant parfois la délicatesse, la retenue, font qu'une rue d'un village, par ailleurs joli, devient une scénographie. La mise en scène de la lumière qui visite le pays des hommes jusqu'au clocher où elle se pose et s'oublie. Le repos, le recueillement : entrez en vous-même braves gens !

vendredi 8 janvier 2010

Neige et plus encore





La neige ! Pas d'embouteillage sur l'autoroute, pas de galère pour prendre le RER, pas de routes verglacées, juste rester chez soi et profiter du temps qui passe, de l'espace, du silence, de la beauté du monde... Etre vivant, quoi.