mardi 26 juin 2012

India Song



India Song, texts by Marguerite Duras, music by C. D'Alessio.

Chanson,
Toi qui ne veux rien dire
Toi qui me parles d'elle
Et toi qui me dis tout
Ô, toi,
Que nous dansions ensemble
Toi qui me parlais d'elle
D'elle qui te chantait
Toi qui me parlais d'elle
De son nom oublié
De son corps, de mon corps
De cet amour là
De cet amour mort
Chanson,
De ma terre lointaine
Toi qui parleras d'elle
Maintenant disparue
Toi qui me parles d'elle
De son corps effacé
De ses nuits, de nos nuits
De ce désir là
De ce désir mort
Chanson,
Toi qui ne veux rien dire
Toi qui me parles d'elle
Et toi qui me dit tout
Et toi qui me dit tout


mardi 13 mars 2012

Caro à Sauve

Où sont les artistes ? Dans les magazines, les radios, les TV ?
Qui sont les artistes ? Forcément des "people" ?
Que sont les artistes ? N'est-ce pas la seule question : pourquoi un regard sur un sujet devient-il regard d'artiste en réussissant à matérialiser une subjectivité et, ainsi, à communiquer vers l'autre (le "public").
Abstraction ou figuration, ce n'est (pas ou plus) de "beau ou de laid" qu'il s'agit mais d'une cohérence, d'un caractère, qui touche un point sensible. Pourquoi se forcer en effet si rien ne bouge quand on regarde une oeuvre ? Bien sûr le terrain est plus ou moins prêt à la recevoir, la "culture" est aussi un labourage intellectuel et sensible, et il faut être disponible, en écoute. Mais aussi bien devant un livre que devant un tableau le test est : est-ce que cela remue "quelque chose" en moi ?
Et Caro remue... Elle fait parler des murs un peu branlant, des intérieurs venus d'un autre monde (ou plutôt d'une autre époque) par contagion avec ce lieu singulier qu'est Sauve (bourgade médiévale dans le Gard). On entend dans ses tableaux les bruits des pas qui s'éloignent dans l'obscurité des ruelles, on voit la faible lueur des lampes qui filtre des fenêtres, les mots sur les murs, l'absence dans les rues... Que s'est-il passé ? Une visite, un crime, une rupture : ces murs nous regardent et ils ont la mémoire.
Aucune chance d'illustrer les "promos" touristiques ! C'est vraiment autre chose ! Et même, à côté du sujet "Murs, murs", et qui peut-être en dit long, quelques tableaux d'abstraction "lyrique" : rêve éveillé d'un monde étincelant d'étoiles capturé dans des rets géométriques.

mardi 24 janvier 2012

« Vada a bordo, cazzo ! "

Voilà une injonction qui a de beaux jours devant elle ! Surtout si elle s'adresse à ceux (à nous) qui quittent les commandes quand la difficulté survient, dans leur propre vie, dans celle de leurs proches, dans leur village, leur quartier ou leur pays.
Costa
"Ce goût qu'il avait de la vie immédiate jusque dans ses dons les plus ténus, jusque dans ses miettes - goût toujours neuf et renaissant, toujours ébloui, même dans le grand âge - rien ne me le rendait plus proche ; rien n'était plus propre que cette attention inépuisable donnée aux bonheurs-du-jour à faire vraiment avec lui à tout instant fleurir l'amitié... C'est quand la luxuriance de la vie s'appauvrit que montrent le bout du nez, enhardis, les faiseurs de plans, et les techniciens à épures ; après quoi vient le moment où il ne reste plus qu'à appauvrir la vie davantage encore, pour en désencombrer la planification".

Julien Gracq à propos d'André Breton sur le site Regard éloigné.