lundi 25 octobre 2010
samedi 23 octobre 2010
Leonard Cohen, I'm your man
Mais qui peut résister à "ça" ! Et il faut lire les paroles, c'est encore plus fort : ici. Cette voix, la profondeur du son qui la porte, le détachement du ton ! Tout est bouleversant. He is a man !
Traduction traduction2
mardi 19 octobre 2010
lundi 4 octobre 2010
Villes lentes

Et oui, comme le "slow food" ce mouvement vers une meilleure "intelligence" de vie nous vient d'Italie ! En matière de savoir-vivre certains ont plus de références que d'autres. 70 villes italiennes y ont déjà adhéré... sur une centaine dans le monde et une seule en France (mouvement "lent" réservé aux villes de moins de 60 000 habitants). Mais qu'est-ce que la lenteur apporte de plus ?
Mettons de côté les "lenteurs" nocives (lenteur de l'instruction des dossiers par les "instances" ad hoc, lenteur des réponses aux courriers, lenteur de compréhension dans les échanges entre personnes, lenteur de prise de conscience de la gravité des problèmes etc etc). La lenteur, n'est-ce pas le mode de vie des "vieux" alors que les jeunes sont le "vif-argent", le ressort, la vitesse ?
Il y a donc des lenteurs positives ?
EXTRAITS DE http://carfree.free.fr/index.php/2008/03/04/cittaslow-les-villes-lentes-contre-la-frenesie-automobile/
"L’éloge de la lenteur est aussi celui du temps nécessaire à la maturation, au doute, à la délibération, au choix. Les habitants des villes lentes mènent donc une réflexion sur la temporalité nécessaire au respect de la démocratie : il faut déjà en finir avec la foi illimitée dans le temps qui vient, que véhicule, par exemple, le scientisme ambiant. La démocratie comme l’éducation a besoin de lenteur. Les villes lentes peuvent être aussi des laboratoires pour apprendre à faire coïncider le temps de la démocratie avec un temps encore plus long et plus lent, celui de l’écologie, puisque les décisions à prendre dans ce domaine ne sont généralement pas à l’échelle du temps individuel mais parfois à l’échelle de l’humanité".
Comment ?
"Les « Villes lentes » utilisent la technologie dans le but d’améliorer la qualité de l’environnement et du tissu urbain, et également pour la sauvegarde de la production d’aliments et de vins uniques qui contribuent au caractère de la région. Les villes qui souscrivent à cette action s’engagent à promouvoir un rythme de vie plus lent, inspiré des habitudes des communautés rurales, pour permettre aux citoyens de profiter de façon simple et agréable de leur propre ville. Les « Villes lentes » mettent en valeur leur environnement, leur patrimoine bâti ou leurs traditions culinaires. En s’inscrivant dans le mouvement Cittaslow, les municipalités permettent le développement des contacts directs entre citoyens, entre les habitants et les touristes, entre les producteurs et les consommateurs."
En effet, n'y aurait-il pas dans le "modèle de vie" rural quelque chose qui soit le germe d'une modernité qui dépasserait la "course à l'échalote" que représente le rythme de vie et de travail imposé aux humains des sociétés dites "avancées" ? Programmer votre journée, votre semaine, votre mois, votre année pour faire tout ce que vous avez à faire. Caracolez d'un rendez-vous à l'autre, d'une tache à l'autre, d'une idée à l'autre sans vous arrêter jamais sur aucune. Foncez à toute vitesse pour grignoter une minute sur votre temps de trajet. Ne prenez pas le temps de parler aux gens que vous rencontrez de choses futiles, amicales ou philosophiques, allez au fonctionnel tout de suite. Ne vous arrêtez jamais pour regarder derrière vous, c'est du temps perdu. Ne soyez que dans l'action immédiate, cultivez l'agir et non l'être.
Plutôt que de "lenteur", il s'agit peut-être de "tempo" : trouver le bon rythme, vif ou lent, selon que le sujet s'y prête. Mais surtout en décider : choisir son rythme et ne pas se laisser manipuler !
Mais en fait la "lenteur" ne serait-elle pas une héritière de "l'An 01" : "Le film narre un abandon utopique, consensuel et festif de l'économie de marché et du productivisme. La population décide d'un certain nombre de résolutions dont la première est « On arrête tout » et la deuxième « Après un temps d'arrêt total, ne seront ranimés - avec réticence - que les services et les productions dont le manque se révélera intolérable. Probablement : l'eau pour boire, l'électricité pour lire le soir, la TSF pour dire "Ce n'est pas la fin du monde, c'est l'an 01, et maintenant une page de Mécanique céleste" ». L'entrée en vigueur de ces résolutions correspond au premier jour d'une ère nouvelle, l'An 01." (http://fr.wikipedia.org/wiki/L'An_01).
Un bon coup de frein n'est-il pas ?
samedi 2 octobre 2010
Aimez-vous les histoires (1)
Bionic dentaire
Une aquarium à poissons tropicaux : il y a souvent des poissons dans les salles d'attente des dentistes. Pour calmer l'angoisse des patients sans doute. Pas de bruit, bulles discrètes, enroulement rubanés des exotiques créatures... Hum, ce pourrait être un salon de thé, entre deux courses : s'asseoir et prendre son temps. Le temps de rien, juste « le temps ». Mais c'est un salon de dentiste et personne n'attend. Accueil très convivial, mise en confiance, apprivoisement du nouveau client : le détendre, le rendre disponible sans crispation. Bonne idée.
« Madâââme, je vous en prie. » Bonne tête, l'oeil vif, l'air engageant. Fauteuil confortable sans relâchement, verre teinté, ordre, calme. Déjà son stylo voltige sur les radios clipsées sur la table lumineuse. Ma mâchoire ça ? Mes dents ? Danse macabre : un stylo, des dents, des os... Sur l'écran noir de sa radiographie j'ajuste mon regard quand mon esprit décroche. Bling, bling. Petits coups de stylo précis. « Cavité buccale, racines, nerfs... » Bling, bling, sssffouit... Une radio remplace l'autre. « Ici une dent déchaussée, une prothèse branlante, une racine mortifiée. »
La voix analyse, détaille, précise avec douceur, volonté de convaincre. Cette voix je l'ai déjà entendue : elle est de ces voix rassurantes qui créent un climat ouaté, des sortes de limbes maternelles, uniquement par la maîtrise du ton. Je me souviens d'une petite couturière autrefois : le long lacet centimétré qu'elle déplaçait lentement d'un point à l'autre du corps avec une adresse mesurée. Hauteur du dos. Le centimètre glisse. Un temps de silence : elle note. Tour de poitrine : elle écarte mes bras et glisse ses mains en remontant le long de mes côtes sous mes aisselles. Frisson. Elle enserre mon buste de son lasso froid. Silence. Tour de taille. Début de chatouillis réprimé. Longueur des manches, tour du cou, encolure : sa main électrise mes cheveux à petits coups froissés. Passe, frôle et revient. Des mots que je ne saisis plus flottent dans l'air moite. Derrière la vitrine embuée du magasin des silhouettes passent dans la rue en silence. Frivolité heureuse, relâchement, bonheur.
« Ce n'est pas simple car le bilan n'est pas bon. Il y a beaucoup de travail, il faut commencer par reprendre tout ce qui ne va pas car un soin ne peut pas être circonscrit à une dent sans tenir compte de l'équilibre de l'ensemble de la bouche. Il faut que toutes les parties fonctionnent, et, chez vous, il y a eu trop de soins successifs sans considération d'ensemble. Il faut donc tout reprendre, secteur par secteur. C'est un travail de longue haleine. Je vous montre tout ça. »
De beaux dessins pédagogiques de mâchoires décharnées avec les dents enveloppées dans leurs alvéoles. « Merveilleuse organisation du corps, chaque élément a sa place et son rôle est loin de s'arrêter à la simple réalisation de l'acte de mâcher, broyer, écraser la nourriture. Non ! C'est un élément d'un puzzle et s'il est mal fonctionnel, son incurie va se communiquer aux autres. Les bactéries s'y développent et tout le système digestif, puis le systèmes locomoteur et... bactéries, là et ici... anaérobies... »
Anaérobie ! Anaérobie, princesse libyenne figée dans le marbre noir des déserts. Silhouette révélée, voilée, dérobée... Déesse de pierre aux yeux froids.
« Les bactéries anaérobies vont faire leur miel de ce chemin que le déchaussement leur creuse : une voie royale vers les yeux, les articulations, le foie, le cerveau ! Les bactéries vous envahissent comme le sable remplit vos vêtements sur la plage : invasion silencieuse et aveugle, grincements perplexes des granules libérés quand vous les enfilez à nouveau... Chère madame, c'est à vous de décider. Je vous ai expliqué la situation. Mais la décision vous appartient. »
Chirurgien-dentiste. Oui, on dit bien « chirurgien ». Foie, poumons, rate, pancréas... Tout ça est déglingué. Il faut remettre le pancréas en état et remodeler sa forme pour lui rendre sa fonctionnalité initiale. Creuser le palais pour faire place à une prothèse fonctionnelle. Vous comprenez bien qu'on n'adapte plus les prothèses au patient : aujourd'hui c'est beaucoup plus efficace, on adapte le patient aux prothèses. Le paradigme a évolué. Pour le foie il suffit de le nettoyer, le passer dans un filtre qui en extraira tous les résidus mal drainés. Colmater la rate : il y a un petite fuite, une fissure qui s'annonce. Remplacer un ou deux éléments par du neuf : une appendice en téflon, qu'en dites-vous ? Des matériaux extraordinaire de résistance et de fiabilité. On fait des choses incroyables aujourd'hui et personne ne s'apercevra de rien vous verrez !
Ah, docteur ! Le son de votre voix. Ce souffle qui se meut doucement et porte vers mois les ondes sonores de votre larynx. Une larynx parfaitement accordé, juste humide ce qu'il faut pour sortir de votre gorge ces résonances cuivrées, arrondies par l'ouverture exactement calculée de la bouche qui en extrait le son. Le regard posé, amical, serein. La main douce et ferme qui appuie la parole.
« L'opération sera bénéfique, mesurez en bien les avantages et les inconvénients. Prenez votre temps et rappelez-moi. Nous fixerons un rendez-vous à la rentrée. Bonsoir, chère madame ».
La secrétaire tend la main : « carte Vitale, carte bleue ». « Votre code je vous prie ». Le penne de la porte glisse sans bruit et l'ascenseur m'aspire dans la fraicheur des étages. Vitale ? Fatale ? Le hall d'entrée, la porte vitrée.
La ville, la chaleur intense : déjà je transpire à grosses gouttes... Vite, dehors, loin, loin... Vite !
(1) si vous les aimez, j'en ai d'autres !
Une aquarium à poissons tropicaux : il y a souvent des poissons dans les salles d'attente des dentistes. Pour calmer l'angoisse des patients sans doute. Pas de bruit, bulles discrètes, enroulement rubanés des exotiques créatures... Hum, ce pourrait être un salon de thé, entre deux courses : s'asseoir et prendre son temps. Le temps de rien, juste « le temps ». Mais c'est un salon de dentiste et personne n'attend. Accueil très convivial, mise en confiance, apprivoisement du nouveau client : le détendre, le rendre disponible sans crispation. Bonne idée.
« Madâââme, je vous en prie. » Bonne tête, l'oeil vif, l'air engageant. Fauteuil confortable sans relâchement, verre teinté, ordre, calme. Déjà son stylo voltige sur les radios clipsées sur la table lumineuse. Ma mâchoire ça ? Mes dents ? Danse macabre : un stylo, des dents, des os... Sur l'écran noir de sa radiographie j'ajuste mon regard quand mon esprit décroche. Bling, bling. Petits coups de stylo précis. « Cavité buccale, racines, nerfs... » Bling, bling, sssffouit... Une radio remplace l'autre. « Ici une dent déchaussée, une prothèse branlante, une racine mortifiée. »
La voix analyse, détaille, précise avec douceur, volonté de convaincre. Cette voix je l'ai déjà entendue : elle est de ces voix rassurantes qui créent un climat ouaté, des sortes de limbes maternelles, uniquement par la maîtrise du ton. Je me souviens d'une petite couturière autrefois : le long lacet centimétré qu'elle déplaçait lentement d'un point à l'autre du corps avec une adresse mesurée. Hauteur du dos. Le centimètre glisse. Un temps de silence : elle note. Tour de poitrine : elle écarte mes bras et glisse ses mains en remontant le long de mes côtes sous mes aisselles. Frisson. Elle enserre mon buste de son lasso froid. Silence. Tour de taille. Début de chatouillis réprimé. Longueur des manches, tour du cou, encolure : sa main électrise mes cheveux à petits coups froissés. Passe, frôle et revient. Des mots que je ne saisis plus flottent dans l'air moite. Derrière la vitrine embuée du magasin des silhouettes passent dans la rue en silence. Frivolité heureuse, relâchement, bonheur.
« Ce n'est pas simple car le bilan n'est pas bon. Il y a beaucoup de travail, il faut commencer par reprendre tout ce qui ne va pas car un soin ne peut pas être circonscrit à une dent sans tenir compte de l'équilibre de l'ensemble de la bouche. Il faut que toutes les parties fonctionnent, et, chez vous, il y a eu trop de soins successifs sans considération d'ensemble. Il faut donc tout reprendre, secteur par secteur. C'est un travail de longue haleine. Je vous montre tout ça. »
De beaux dessins pédagogiques de mâchoires décharnées avec les dents enveloppées dans leurs alvéoles. « Merveilleuse organisation du corps, chaque élément a sa place et son rôle est loin de s'arrêter à la simple réalisation de l'acte de mâcher, broyer, écraser la nourriture. Non ! C'est un élément d'un puzzle et s'il est mal fonctionnel, son incurie va se communiquer aux autres. Les bactéries s'y développent et tout le système digestif, puis le systèmes locomoteur et... bactéries, là et ici... anaérobies... »
Anaérobie ! Anaérobie, princesse libyenne figée dans le marbre noir des déserts. Silhouette révélée, voilée, dérobée... Déesse de pierre aux yeux froids.
« Les bactéries anaérobies vont faire leur miel de ce chemin que le déchaussement leur creuse : une voie royale vers les yeux, les articulations, le foie, le cerveau ! Les bactéries vous envahissent comme le sable remplit vos vêtements sur la plage : invasion silencieuse et aveugle, grincements perplexes des granules libérés quand vous les enfilez à nouveau... Chère madame, c'est à vous de décider. Je vous ai expliqué la situation. Mais la décision vous appartient. »
Chirurgien-dentiste. Oui, on dit bien « chirurgien ». Foie, poumons, rate, pancréas... Tout ça est déglingué. Il faut remettre le pancréas en état et remodeler sa forme pour lui rendre sa fonctionnalité initiale. Creuser le palais pour faire place à une prothèse fonctionnelle. Vous comprenez bien qu'on n'adapte plus les prothèses au patient : aujourd'hui c'est beaucoup plus efficace, on adapte le patient aux prothèses. Le paradigme a évolué. Pour le foie il suffit de le nettoyer, le passer dans un filtre qui en extraira tous les résidus mal drainés. Colmater la rate : il y a un petite fuite, une fissure qui s'annonce. Remplacer un ou deux éléments par du neuf : une appendice en téflon, qu'en dites-vous ? Des matériaux extraordinaire de résistance et de fiabilité. On fait des choses incroyables aujourd'hui et personne ne s'apercevra de rien vous verrez !
Ah, docteur ! Le son de votre voix. Ce souffle qui se meut doucement et porte vers mois les ondes sonores de votre larynx. Une larynx parfaitement accordé, juste humide ce qu'il faut pour sortir de votre gorge ces résonances cuivrées, arrondies par l'ouverture exactement calculée de la bouche qui en extrait le son. Le regard posé, amical, serein. La main douce et ferme qui appuie la parole.
« L'opération sera bénéfique, mesurez en bien les avantages et les inconvénients. Prenez votre temps et rappelez-moi. Nous fixerons un rendez-vous à la rentrée. Bonsoir, chère madame ».
La secrétaire tend la main : « carte Vitale, carte bleue ». « Votre code je vous prie ». Le penne de la porte glisse sans bruit et l'ascenseur m'aspire dans la fraicheur des étages. Vitale ? Fatale ? Le hall d'entrée, la porte vitrée.
La ville, la chaleur intense : déjà je transpire à grosses gouttes... Vite, dehors, loin, loin... Vite !
(1) si vous les aimez, j'en ai d'autres !
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